Adel Abdessemed - Unlock
Tang Contemporary Art, Honk Kong
Solo show "Unlock", Adel Abdessemed
Sous le commissariat de Jérôme Sans
23 mars - 22 avril 2019
UNLOCK est un voyage introspectif dans l'univers accidenté d'Adel Abdessemed. Imprégnée de thèmes politiques, l'œuvre de l'artiste franco-algérien est une réponse à la situation du monde contemporain traversé par des violentes convulsions. Né en 1971 à Constantine, neuf ans après la fin de la guerre d'indépendance algérienne, Adel Abdessemed a quitté sa patrie dans des circonstances dramatiques en 1994. S'il est parfois la cible de la censure pour son irrévérence, son pays natal, meurtri par son histoire tragique récente, nous permet de comprendre que la violence excessive avec laquelle l'artiste représente les atrocités du réel, est une nécessité et non une esthétique.
Un hélicoptère massif usage est ici posé sur le sol en forme d'anneau. Si l'hélicoptère est l'un des moyens de déplacement contemporains les plus exclusifs dans un monde surpeuplé, il est aussi un moteur militaire, un objet de surveillance ou une métaphore du drone. Sa nouvelle série de Couleurs interdites (2019) "expressionnistes" ne sont pas réalisées avec du sang humain ou animal, mais avec des subterfuges empruntés au monde des effets spéciaux et du cinéma. Adel Abdessemed nous entraîne dans un monde de simulation et d'illusion, à l'ère des images manipulées et des photographies photoshopées qui semblent plus réelles que la réalité elle-même. Vastes fresques de l'histoire de l'humanité, elles témoignent de l'omniprésence et de l'instrumentalisation de la violence, qui n'engendre que passivité et accoutumance. La violence impérieuse de leur parcours dit la souffrance et la difficulté d'écrire le monde aujourd'hui. Prolongeant la technique du all over de Jackson Pollock, elles sont des palimpsestes de déversements ou de coulures décomposés en couches successives de sang, à l'image du déversement constant de la violence qui s'étale chaque jour, au-delà de toutes les frontières. Ces fresques aiguisent notre sensibilité émotionnelle à la violence, affectent notre vulnérabilité en déconstruisant nos visions du monde préconçues, solides et fiables.
Abdessemed provoque mais ne critique pas, il frappe mais refuse tout engagement, toute forme de jugement moral. Il exacerbe inlassablement la cruauté pour sensibiliser le spectateur à l'irrationalité de l'acte violent et l'inciter à prendre de la distance. L'exposition met en scène cette oscillation entre le tragique et l'innocence, la guerre et la paix, autour de laquelle l'artiste ajuste sa voix : "Je me sens comme un messager du minimum", dit-il.
Adel Abdessemed, Forbidden Colours, 2018. Mixed media on canvas. 270 x 180 x 3.5 cm ; Unlock, 2018. Helicopter structure, 300 x 350 x 350 (approx.). Unlock © photo: Tang Contemporary Art, Hong Kong, 2019
Adel Abdessemed, Forbidden Colours, 2018. Mixed media on canvas. 270 x 180 x 3.5 cm ; Unlock, 2018. Helicopter structure, 300 x 350 x 350 (approx.). Unlock © photo: Tang Contemporary Art, Hong Kong, 2019
Adel Abdessemed, Forbidden Colours, 2018. Mixed media on canvas. 270 x 180 x 3.5 cm ; Unlock, 2018. Helicopter structure, 300 x 350 x 350 (approx.). Unlock © photo: Tang Contemporary Art, Hong Kong, 2019
Adel Abdessemed, Unlock, 2018. Helicopter structure, 300 x 350 x 350 (approx.). Unlock © photo: Tang Contemporary Art, Hong Kong, 2019