Si l’exposition - comme la collection - n’est sous-tendue par aucune thématique qui projetterait sur les œuvres une direction de lecture particulière, elle entend plutôt explorer le principe même de collection d’œuvres, comme autant d’éléments divers, contradictoires, vécus au quotidien. Ces œuvres d’art, aussi disparates soient-elles, démontrent encore une fois qu’elles trouvent naturellement leur place dans des espaces domestiques, imprégnant de leur présence toute configuration. Dès lors, au delà de vouloir toujours rationnaliser les choses qui nous entourent pour les présenter sous un même toit, n’est-ce pas dans la juxtaposition et l’appréhension des différences que se créent de nouvelles synergies ? 

Prologue d’une collection qui se réinvente comme on écrit et réécrit une histoire, As I Run and Run, Happiness Comes Closer pose ainsi la question de l’exposition d’une œuvre dès lors qu’elle est offerte au regard de l’autre, dans un rapport de proximité.

Comment réactiver l’œuvre à partir du moment où elle quitte l’atelier pour intégrer une collection ? Comment la confronter à d’autres œuvres provenant d’autres histoires ? Comment lui redonner la parole sans brouiller sa signification dans un environnement collectif par essence bruyant ? Comment recontextualiser chacune de ces œuvres et les articuler ensemble à partir de partitions originales inédites ? Autant de questions soulevées par toute œuvre, toute collection, et que l’exposition entend ici mettre en perspective. 

C’est ainsi que, tel le refrain d’une chanson rock, le titre, As I Run and Run, Happiness Comes Closer renvoie à l’idée d’un cheminement artistique utopique, qu’il soit du côté de l’artiste, du collectionneur ou du commissaire. Dans cette course effrénée du monde contemporain, l’exposition se lit alors comme une partition convoquant plusieurs voix, une multiplicité d’échos, une métaphore de toute œuvre d’art, une partition ouverte.