Explorant les limites de nos expériences physiques et mentales, Philippe Ramette dévoile un univers absurde et fascinant peuplé d’objets inattendus, surréalistes ou dérisoires, – instruments scientifiques, objets à mesurer le vide ou de lévitation, prothèses mentales, ou simples objets poétiques s’offrant à la contemplation –, qui fonctionnent selon ses mots comme « des miroirs pour l’âme ». Déjouant les lois de la gravité, ses « sculptures à réflexion » et photographies métaphysiques mettent en scène des silhouettes humaines en suspension et des autoportraits déroutants où l’artiste, vêtu de son éternel costume, incarne son propre personnage dans des performances réalisées dans des conditions parfois extrêmes. 

Phase préliminaire de réflexion, le dessin, à l’encre noire, apparaît comme un médium de prédilection pour déployer les idées, les concepts et les représentations qui viendront coloniser ses photographies et ses sculptures, agrandissements à l’échelle 1 des « situations irrationnelles » illustrées. Ces œuvres paradoxales troublent l’imaginaire et la perception du monde du regardeur, qu’elles font basculer dans une autre réalité, curieuse, irrationnelle, absurde, voir illusoire. Réalisées sans logiciels de retouches, ces photographies dissimulent une longue préparation physique, des « prothèses » pour le maintenir à la manière des ruses usités dans le cinéma du début du XXème siècle. Teintée d’humour et d’autodérision, dont le titre fait souvent foi, chaque œuvre soutient l’introspection et engage de manière active le spectateur à s’approprier cet univers pour y projeter sa propre fiction, décloisonnant son expérience de la réalité par la performance ou l’expérimentation physique d’un processus de pensée.