Comme un portail ouvrant sur une nouvelle dimension, l’exposition nous emmène, le long des deux sites et sur deux journées, dans une atmosphère magique et hypnotique. Se déroulant en deux actes, l’exposition est une invitation sensorielle à vivre une temporalité particulière, dans laquelle chaque espace évoque la suite d’une narration - un récit où la réalité devient fluide, où ses frontières se dissolvent au-travers d’expériences sensibles, et où les visiteurs sont immergés dans une expérience singulière qui transcende le monde ordinaire. 

Déployant une joie moléculaire effervescente, :mentalKLINIK amplifie les émotions, les humeurs et les atmosphères déjà présentes, en créant un monde hyper-sensible imprégné d' environnements cinématographiques, et en plongeant les visiteurs dans des situations parfois enivrantes, vertigineuses ou même éblouissantes. 

Dès l’arrivée commence le premier acte de la scène : un bateau devient œuvre d’art scintillante, flottant comme par magie sur l’eau, enveloppé d’une membrane réfléchissante qui absorbe et reflète les hyper-couleurs environnantes. Transformé par :mentalKLINIK en sculpture dérivante, ce bateau émane de la joie sur la mer tout en restant singulièrement étranger à son environnement, posant subtilement la question de la complexité et de la nécessité du bonheur aujourd’hui.

À la Villa Maçakızı, les visiteurs entrent ensuite dans un environnement scénographié par la lumière, les reflets et l’image. Des œuvres telles que Frivolous, Another Love et Elsewhere Is Paradise nous emmènent dans des couches superposées de lumière et de mirage, tandis que Dirty Dance, une boule disco réfléchissante ressemblant à une météorite, projette une chorégraphie de fragments de lumière sur la piscine. Les vidéos /IMAGINE et Night Whiff habitent l’espace comme des hallucinations numériques — à la fois séduisantes et troublantes, oscillant entre l'hyper réel et le poétique.

Le voyage se poursuit dans les ruines antiques de Iassos, et l’atmosphère cinématographique s’intensifie. Avec Terribly Happy, le public est entraîné dans une performance in situ avec des paroles écrites spécialement pour le festival par :mentalKLINIK, interprétée comme une aria contemporaine sur les ruines en bord de mer. Accompagnée par la soprano Delaram Kamareh, sous la direction musicale d’Aïda Gabriëls et composée par Jonathan Bonny, la pièce musicale ressemble à un opéra fictionnel, mêlant euphorie synthétique et mélancolie fragile.

Projetée sur les pierres antiques, Violently Joyful transforme le langage en lumière, des mots comme Like, Follow, Comment clignotent et évoquent dans un agitement frénétique, nos compulsions sociales. Ces ruines deviennent alors la scène pour le rythme sourd de ce monde numérique. Dans la vidéo Hypercloud, les motifs colorés et abstraits, mis en mouvement au ralentis, étirent notre perception dans une boucle méditative sur le temps, l’espace et l’attention.   

Dans un monde déjà saturé de spectacle, :mentalKLINIK ne propose pas une énième performance, mais véritablement un espace critique pour réfléchir à la nature du désir, de la participation et de l’émotion collective — une rencontre éphémère où l’art devient un miroir hyperréaliste du monde étrange que nous habitons.