Dans l'œuvre de Li Qing, le passé est utilisé comme un coffre à trésor ouvert à explorer, et l'histoire devient un ensemble de motifs. En ce sens, sa présence au sein de la maison Rong Zhai fait écho à une histoire plus large des changements sociétaux survenus dans la société chinoise au cours des siècles passes, surtout au cours des dernières décennies. 
 
En effet, l'histoire de Prada Rong Zhai est un palimpseste de l'histoire centenaire de Shanghai. Au cours des dernières décennies, la résidence historique de 1918 a été la maison privée d'un entrepreneur, un bien public après la socialisation, avant d'être restaurée pour devenir un lieu dédié à l'art. Un tel lieu porte encore les marques des différentes conditions sociales au fil du temps et les esprits des personnes et des choses accueillies en son sein. Rear Windows - inspiré du film éponyme - traite de ce concept hitchcockien. Le regard porté sur le monde extérieur changeant évolue parfois comme une façon d'examiner nos propres vies. Les expositions dans les salles sont conçues comme des scènes pour expérimenter l'acte de voir, d'être vu, ou observé. À travers certaines de ses séries emblématiques comme la série Fenêtre du voisin et Fenêtre du Tétris (dans lesquelles il emprunte la technique du trompe-l'œil en combinant de vieux cadres de fenêtres en bois avec des œuvres d'artistes français et d'autres artistes coloniaux ou de nouvelles architectures derrière des vitres devenus les repères culturels et artistiques de l'espace urbain chinois actuel), Li Qing propose des références à la ville de Shanghai (ou même de Hangzhou, où il vit) qui s'est développée en une superposition de différents espaces et périodes de temps, une couche entrelacée de bâtiments anciens et nouveaux et d'histoires de différents groupes sociaux. 
 
Li Qing a imaginé Rong Zhai comme un espace encore utilisé par ses résidents ou leurs fantômes contemporains. L'artiste a recréé certaines des pièces principales, comme la salle de bal, la chambre à coucher, la salle de bains et une salle de karaoké, où la présence de l'artiste est très marquée.
 
Là, la présence des anciens occupants est suggérée par des gestes artistiques. Comme une histoire narrative conçue à travers un large éventail d'œuvres passées et récentes de Li Qing, l'exposition se déroule comme dans le décor d'un film dont l'action est sur le point d'arriver. Comme s'il appartenait à une société imaginaire vivant dans ses rêves, Li Qing initie ici une autre forme de poésie dans la maison Rong Zhai comme dans son travail. Il s’interroge : comment se rapprocher de la réalité des choses ?