L’oxymore, cette figure de style qui associe deux termes qui s’excluent, est l’axe central de leur travail, non seulement à travers le texte, tel le titre de l’exposition, mais aussi à travers le style, ces artistes confrontant sans vergogne des références à l’art conceptuel, au minimalisme et à l’univers pop, comme à celui de l’entertainment. OBNOXIOUSLY HAPPY questionne lesfantasmes liés au bonheur et à l’optimisme prônés dans la culture capitaliste contemporaine du culte de la réussite. Pour :mentalKLINIK, les oxymores « révèlent une profonde dualité dans notre monde et reflètent les sentiments complexes que les gens sont ordinairement incapables d’exprimer. » Scandés à travers La Patinoire, ils jouent le rôle d’intensificateurs de l’expérience, dans un monde plus que jamais dominé par le langage. Ils mêlent paradoxes et humour, jouant des effets du monde actuel. Le duo enjambe avec une dextérité non dissimulée les stratégies politiques invisibles et les dynamiques sociales par des dispositifs ultra-contemporains d’une apparente légèreté et simplicité. L’exposition convoque sans chronologie l’ensemble de leur vocabulaire ludique, violent et abrasif qui twiste en permanence les références glamour, rock ou postpunk. C’est tout un travail de cryptage auquel nous convoquent ces artistes, entre le vrai et le faux, le factice et le superficiel, comme si tout était affaire defalsification.
 
:mentalKLINIK parle de la manipulation des individus à travers leur atmosphère magique et hypnotique, à l’image de la saturation visuelle des flux incessants d’images et de mots à l’ère des nouvelles technologies et des réseaux sociaux. Un flux sans début ni fin. L’énergie positive, ultra-addictive qui émane des œuvres nous emporte au premier abord, mais derrière cette façade séduisante, électrique et glamour, apparaît un autre monde de significations bien plus dérangeant. Les artistes se réapproprient le langage visuel étincelant et autoritaire des sphères médiatiques et de la nuit dans un climat d’hyperstimulation sensorielle engendré par les multiples néons, slogans, faisceaux lumineux, boules à facettes et confettis qui font vibrer l’espace et nous projettent dans une atmosphère et un contexte indécis. Est-ce avant ou après la soirée que nous nous situons ? Le duo crée sans cesse de nouvelles formes esthétiques dans des matériaux hétérogènes en se jouant de notre attirance unanime pour les objets scintillants et séduisants, qui, par la magie du fétichisme de la marchandise, font leur apparition sous la forme d’aspirateurs-robots cracheurs de paillettes, de jouets dégonflés qui deviennent des masques, de couvertures de magazine détournées avec des emojis, de slogans entêtants, de néons ou des surfaces réfléchissantes qui captent notre regard, font basculer l’espace, l’aplatissent et intègrent inéluctablement le spectateur. Pour être entamé, ce jeu requiert plusieurs joueurs et par là même la KLINIK interagit avec une idéologie minimaliste et sérielle. Impossible d’y échapper.
Alors êtes-vous prêts ?