Tout commence avec les emblématiques Colonnes Pascales qui scandent l’espace de leur sourde présence : les éléments de vaisselle marocaine, chinoise et africaine ayant été empilés après avoir été utilisés comme objets sonores pour manifester. Ces colonnes ouvrent la partition d'un espace en tension autour des installations monumentales Home Sweet Home et Diamondscape. La première, composée de cages à oiseaux, de colons en bois et de papier mâché, évoque une tour de Babel en forme de nid. Plantée dans du sable noir, la seconde constitue un paysage désertique menaçant : des diamants métalliques pendent des vertèbres suspendues à autant de potences. Si la transcendance de la première exprime la possibilité d'un idéal, d'une utopie à atteindre, l'immanence de la seconde en revanche nous renvoie à la réalité de notre monde. Nature asséchée et appauvrie, renvoyant à l'exploitation des mines et des hommes, les diamants fonctionnent comme des épées de Damoclès dans un univers mort et silencieux : ses cieux sont constitués de bandes VHS à jamais muettes.

De l'autre côté, de vieilles mobylettes hybrides chargées de calebasses, de plumes ou de queues de cheval sont en lévitation comme autant d’objets de désirs ou de rêves d'ailleurs. En arrière plan, une série de miroirs aux couleurs terreuses, salis et grattés laissent transparaitre des zones de scintillement. Entourés des Sunrises tournant sur eux-mêmes et de Pascale’s Eggs, les Dirty Mirrors, privés de leur reflet, nous invitent à une danse infernale du monde. Le travelling se poursuit par une écriture irradiée en néons qui vient réveiller l’ancienne chaufferie des lieux, tandis que des ventilateurs cabossés tournent désespérément dans une lente course au dernier souffle. Voodoo Child est cet enfant de la "voodooization" du monde, dont parle Pascale Marthine Tayou : ”une succession de rites qui forment notre façon de vivre, où, quelque part, tout devient vaudou”*.

*extrait d’un entretien évolutif avec Jérôme Sans