Voyages immobiles interroge l’extraordinaire polysémie du « voyage » à l’ère du nomadisme planétaire et après le basculement soudain de notre monde dans un immobilisme global. Dans le sillage de Voyage autour de ma chambre de Xavier De Maistre (1794) qui fit de son confinement une expérience propice au vagabondage mental et à l’introspection, l’exposition explore diverses errances esthétiques, réelles, digitales, mythiques ou imaginaires. Partir seul, vers d’autres horizons, trouve ses antécédents dans le Grand Tour, entre les XVIIè et XIXè siècles, qui était considéré comme l’ultime formation aux arts et aux humanités des jeunes artistes et écrivains européens, en quête d’érudition et d’aventures. Amplifié par l’émergence du numérique et son « don » d’ubiquité, le XXIè siècle voit l’avènement de voyages pluriels, virtuels et simultanés. Dès lors, le voyage commence au seuil de notre porte, aux lisières de l’esprit. Voyages Immobiles est une immersion dans les univers de neuf artistes venus des quatre coins du globe. Des road trip aux voyages virtuels d’aujourd’hui, du Liban à la France, de la Grèce à l’Italie en passant par le Japon, cinq destinations iconiques sont connectées à la dimension d’un monde global. Comme dans un cadavre exquis reliant les univers de ces artistes, chaque œuvre est un voyage immobile, comme un oxymore, un territoire mouvant à travers l’espace et le temps. Reliant la Ville Lumière à la totalité du monde, Voyages immobiles esquisse de multiples chemins de traverse, propices à l’expérience d’autres réalités, vers l’inattendu, pour renouveler notre regard sur le monde.